Les méfaits de l’imagerie médicale (1/3)

Les méfaits de l’imagerie médicale (1/3)

Chapitre 1 : leur utilisation excessive pour les TMS

En ce qui concerne le domaine musculo-squelettique

Nous sommes aujourd’hui en  train de sortir de la période d’avènement des technologies d’imagerie médicale. Bien que leur qualité progresse chaque jour, la révolution est faite et terminée : ce sont des outils du quotidien désormais, plus personne ne s’émerveille devant un cliché radiologique. L’énorme changement pratique dû à la découverte des IRM, scanners et consort a changé drastiquement et positivement la manière de pratiquer la médecine. Avec des outils de plus en plus précis, nous serions bêtes de nous en priver. Nous pouvons observer le vivant comme jamais dans l’histoire, découvrir des pathologies et inventer de nouvelles façons de diagnostiquer. Nous arrivons maintenant à un point où les coûts diminuent et les appareils sophistiqués sont de plus en plus présents sur les territoires.

Seulement, nous en faisons souvent usage à outrance… Personne ne nie les effets bénéfiques que nous pouvons en tirer, notamment dans le dépistage du cancer ou des maladies cardio-vasculaires ; mais il faut également être conscient des limites des imageries. Dans certains domaines, il est parfois bon, voire nécessaire de s’en passer. Le domaine musculo-squelettique, qui comprend la plupart des douleurs non-graves que ressentent les gens au quotidien (dos, épaules, genoux, hanches, etc.), en fait partie.

Depuis longtemps maintenant, le mal que peut faire l’imagerie à ces patients est connu, mais ses conséquences ne sont de toute évidence pas appliquées en pratique. Alors quelles sont les problématiques qu’il faut régler ? Et quelles sont les bonnes questions à se poser ?

Quelles sont les recommandations internationales ?

Il n’y a pas beaucoup de doutes ni de débat en cours dans la société scientifique ou médicale : dans le cadre des douleurs musculo-squelettiques, les recommandations précisent bien que réaliser des imageries n’est pas recommandé en l’absence de drapeaux rouges. Un drapeau rouge est un signe ou un symptôme décelé par un professionnel de santé, lors de son bilan, et qui peut potentiellement cacher une affection sous-jacente grave. La présence d’un drapeau rouge nécessite bien de faire des recherches supplémentaires et/ou de consulter un spécialiste.

Toutefois, ils sont relativement rares au regard de la fréquence des douleurs dans la population et correspondent à un tableau clinique bien spécifique. Il ne faut pas en imaginer des tonnes ! L’impact négatif des exagérations sur le système de soin et sur la santé des individus étant bien avérée, comment se fait-il qu’on prescrive encore bien trop d’examens ? Nous pensons naturellement que cela va nous aider, mais ce n’est pas toujours le cas.

Nous verrons par la suite les différentes problématiques que pose la réalisation d’examens sans que cela ne soit nécessaire. Je laisserai volontairement de côté le naufrage pécuniaire engendré par un surplus de prescriptions, bien qu’il soit catastrophique pour la société. Ce qui nous intéresse ici est bien le soin, l’humain, le traitement et la possibilité d’apporter les meilleures recommandations à chacun.

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