La médecine « 5P » : le « P » de Personnalisée
Les problématiques sont multifactorielles
Le premier objectif pour prendre en charge l’humain est de bien définir les problématiques auxquelles il est confronté. Alors qu’une personne est une entité complexe, nous la traitons trop souvent en silo, partie par partie. Aucune approche globale n’est proposée ; au contraire, on multiplie les différentes expertises et chacun veut tirer la couette vers soi.
Vous avez une tendinite au coude ? Le médecin va prescrire des antidouleurs. Le kinésithérapeute va observer le coude, l’état des muscles, les contraintes, les gestes, la force musculaire. L’ergonome va regarder l’environnement de travail, la position de la souris et les charges de manutention. Le diététicien va corriger l’alimentation car certains produits seraient un facteur déclenchant. Le psychologue remarque qu’un état de stress ou d’anxiété intense rend le corps plus sensible à ce type de douleurs. Enfin, le coach sportif va voir une contrainte physique pendant le sport. A chaque profession correspond une explication différente.
Si le traitement dépend du professionnel qui le met en place, il ne dépend plus du patient, et donc ne lui correspond pas. Qui a raison ? Qui a tort ? Personne.
Recentrer le soin autour du patient
Centrer un traitement autour d’une pathologie est donc l’erreur classique, que nous avons toujours commise. Un meilleur paradigme serait de placer l’individu au centre de ce traitement. L’idée serait de proposer une solution en fonction de la personne, et pas que de son problème. Pourquoi ? Parce qu’une bonne prise en charge doit dépendre de nombreux éléments : du contexte personnel et professionnel, de l’aspect physique, psychologique, environnemental, des attentes de la personne et pas seulement de sa « maladie ». Toute prise en charge stéréotypée est vouée à l’inefficacité. Il faut qu’elle soit personnelle pour arriver à des résultats. Evident, non ? Mais on ne le fait pas.
En effet, si on applique bêtement les compétences d’un professionnel pour espérer traiter un individu, on échoue. On ne peut comprendre l’importance de chaque facteur qu’avec une approche générale et individuelle, en associant les expertises de chacun et en les appliquant au sujet. Aucune solution n’est acceptable si elle n’est pas complète : toutes les disciplines comptent ! Laissons donc de côté les traitements génériques dont on nous prodigue les miracles, et soyons transdisciplinaires !
Beaucoup de solutions ne sont pas personnalisées
La plupart des traitements sont donc personnels aux thérapeutes, et non personnalisés. Voici quelques idées reçues qui conduisent à une mauvaise prise de décision :
- Non, il n’existe pas une bonne posture devant un écran d’ordinateur. La changer systématiquement est insensé. Des postures conviennent ou non à certains individus.
- Non, il n’existe pas un poste de travail ou un siège miraculeux pour être « bien » assis devant son bureau. Si vous êtes bien dans votre position, vous êtes bien assis. Point.
- Non, il n’existe pas de méthode de relaxation ou de gestion du stress dont tout le monde est sensible. Chacun doit trouver la sienne. Il faut identifier la meilleure approche au préalable avant de la proposer.
- Non, tout le monde ne subit pas une douleur de la même façon, même si la cause est identique. L’intensité d’une douleur dépend de paramètres personnels et non (que) mécaniques !
- Non, l’humain n’est pas un programme informatique à déboguer. Il n’y a pas d’« erreur », de mauvais gestes/mouvements absolus, ou de conduite parfaite à tenir. Il faut le comprendre pour l’accompagner correctement.
Nous observons donc un énorme écueil pour atteindre cette fameuse médecine « 5P », à savoir que les professionnels travaillent trop peu ensemble.
Voir aussi les problèmes dans :
- Le « P » de Prévention
- Le « P » de Participative
- Le « P » de Preuves
- Le « P » de Prédictive
Sources :
https://gnius.esante.gouv.fr/fr/strategie-dacceleration-sante-numerique