L’importance du sommeil dans la prévention.

L’importance du sommeil dans la prévention.

La vie appartient à ceux qui se lèvent tard

« Je dormirai quand je serai mort » voilà bien le pire adage qu’on puisse trouver dans la littérature française !

En temps normal, 41% des français disent souffrir de trouble du sommeil. C’est sans compter ceux qui ont bien un manque de sommeil et qui ne s’en rendent pas compte. Une grosse partie de la population est donc exposée à tous les risques que cela implique.

D’un point de vue physiologique

Si nous réalisions un sondage auprès de la population pour savoir quels risques les gens pensent encourir en se privant de sommeil, nous aurions sans doute une majorité de réponse concernant l’état cérébral. En effet, tout le monde s’est déjà aperçu qu’après une courte nuit, nous étions moins alertes. Nos paupières tombent, c’est plus dur de se concentrer, nous avons qu’une envie : retourner au lit ! Mais peu de gens sont conscients des risques physiologiques qui existent.

La liste des effets néfastes est longue ! Nous n’allons pas pouvoir tout couvrir ici, mais voici un aperçu déjà peu ragoûtant. Premièrement, nous pouvons observer chez les petits dormeurs davantage d’obésité et de diabète. En effet, le sommeil aide à réguler la balance énergétique. Donc pour perdre du poids, il faut commencer par mieux dormir.

Ensuite, un déficit de sommeil atteint le système immunitaire. On entend souvent dire qu’une personne tombe plus souvent malade quand elle est fatiguée. Eh bien, c’est vrai ! Notre immunité est plus efficace la nuit. Le taux de cellules immunitaires est nettement plus élevé chez les bons dormeurs. Pour observer une chute de ce taux, une seule nuit blanche suffit !

Pour continuer, un adorable effet de la privation de sommeil est le risque accru de cancer. Les intestins, la prostate, le sein, tous ces cancers atteignent davantage cette population. À tel point que le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé la perturbation du rythme circadien (alternance veille/sommeil) dans le groupe 2A : les cancérogènes probables. Ceci concerne tous les travailleurs de nuit soit dit en passant ! Ces gens-là dorment en moyenne 1 heure de moins que le reste de la population.

N’oublions pas, dormir moins augmente aussi les inflammations du corps, ce qui a pour effet d’augmenter les potentielles douleurs ressenties (les Troubles Musculo-Squelettiques par exemple) et fait baisser les performances athlétiques. Dans la catégorie douleur, on retrouve également plus de migraineux chez ceux qui ont moins de 6h de temps au lit.

Mais ce n’est pas tout. Pour ceux qui se sentent vieux avant l’âge : les hommes qui dorment entre 4 et 5 heures par nuit présentent un taux de testostérone nettement moindre. Soit le même que les personnes 10 ans plus âgées… Formidable.

Enfin, les maladies cardio-vasculaires sont incontestablement plus présentes dans les populations en manque de sommeil. À titre indicatif, le jour suivant le changement d’heure d’été, la fameuse nuit où nous perdons 1 heure de sommeil, nous observons une augmentation de 24% des arrêts cardiaques dans la population !

C’est tout ce qu’il faut, 1 heure !

D’un point de vue cognitif

Mais tout ça n’est pas fini, car il y a maintenant tous les effets cognitifs, qui sont également nombreux. Sans surprise, un manque de sommeil atteint la mémoire, rend l’apprentissage plus compliqué, altère la motivation, dégrade la régulation émotionnelle et limite la création de nouveaux souvenirs. Cela engendre – entre autres – une réduction de la densité de l’hippocampe, structure du cerveau très importante dans la construction de la mémoire. Par ailleurs, quand on vieillit, moins dormir signifie plus de déclin cognitif, et plus de maladies d’Alzheimer.

Tout ceci n’est pas exhaustif mais nous comprenons déjà assez bien le tableau : plus nos nuits sont courtes, plus notre vie est courte.

Le pire c’est que ce n’est pas une nouveauté ! La littérature foisonne d’études consacrées à ce sujet depuis longtemps mais cela n’a pas l’air de nous concerner… Alors que faire ?

Quelques recommandations simples

Maintenant, après ce florilège d’informations déprimantes, voici la bonne nouvelle : ces effets sont souvent réversibles ! Commencez dès aujourd’hui à mieux dormir et vous le ressentirez sur votre état général. Très vite.

Quelques conseils pour mieux dormir :

  • Dormir au minimum 6 heures et au maximum 9 heures
  • Un endroit frais, calme et sombre
  • Des habitudes pour faire comprendre au cerveau que c’est bientôt l’heure se s’endormir
  • De l’activité physique
  • Avoir une meilleure alimentation
  • Respecter des horaires réguliers
  • Limiter les écrans avant le coucher

Gardez bien en tête : ne pas dormir pour accomplir plus ne fonctionne pas. Nous sommes plus productifs en dormant plus. Allez, bonne nuit !

Sources :
1. INSV. Le sommeil d’hier et de demain. 2020
2. OpinionWay pour l’INSV. Le sommeil des Français en 2020. 2021
3. Baromètre Santé Publique France. Le temps de sommeil, la dette de sommeil, la restriction de sommeil et l’insomnie chronique des 18-75 ans. 2017
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