La médecine « 5P » : le « P » de Participative

La médecine « 5P » : le « P » de Participative

La participation guidée par la science

La tendance actuelle est de simplifier au maximum la vie des salariés. Objectif noble sans doute mais qui laisse souvent de côté la notion que notre corps est vivant, et qu’il répond à des situations activement.

Ce « P » va de concert avec les preuves et l’obligation d’avoir une forte rigueur scientifique. Longtemps était prescrit du repos pour la moindre douleur, ce qui a eu pour conséquence de déconditionner beaucoup de gens. Moins on utilise son corps, moins on entretient nos muscles, moins ils sont aptes à supporter diverses tâches. Au contraire, nous dit la science aujourd’hui, bougeons et renforçons notre corps pour prévenir les douleurs ! Les connaissances qui sont désormais validées imposent un traitement actif, notamment en ce qui concerne les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS).

Un nécessaire besoin d’adaptation du corps

Le temps où on allait chez le kinésithérapeute pour un simple massage est révolu, ou doit l’être. Une activité physique est nécessaire et n’est plus un moyen thérapeutique annexe. Vous avez mal ? Bougez quand même, vous pouvez ! Ne pas le faire participe au conditionnement de la douleur, et c’est ce que nous voulons absolument éviter. En d’autres termes, la passivité est le pire maux pour votre corps.

En effet, pourquoi un sportif professionnel doit s’entrainer et se renforcer quotidiennement ? Pour que son corps supporte les efforts exigés par son sport, tout simplement. Autrement, c’est la blessure assurée. Si votre activité professionnelle est pour vous l’activité qui vous fait souffrir, il devient nécessaire de vous « préparer » physiquement à effectuer cette tâche. Et malheureusement, personne ne peut faire ça à votre place. Réaliser une même activité 7h tous les jours n’est pas si anodin. Et il ne suffit pas d’améliorer votre environnement pour vous en dispenser.

Adapter d’abord le vivant à l’inerte. Optimiser ensuite.

Au vu de cette approche, le « P » de Participative s’oppose presque à l’ergonomie statique, qui promeut une adaptation de l’environnement aux travailleurs, en fonction de ses besoins. Adapter le vivant à l’inerte est le meilleur moyen de le déconditionner. Arrêtons de penser qu’un environnement peut nous préparer à nos tâches : nous devons être entrainés, et cela n’use pas davantage notre corps ! À force de personnaliser son environnement, l’Homme en oublie son nécessaire besoin d’adaptation. Combien d’entreprise ont changé la totalité de leur environnement de travail ? Quel bénéfice réelle sur la santé des salariés ? Il est très discutable !

En effet, le lieu de travail est désormais beau à voir et optimisé. Mais ce n’est pas parce que j’ai de superbes skis profilés pour la vitesse que je sais tenir dessus. L’apprentissage est toujours nécessaire, et aucun matériel ne remplace notre fonctionnement interne. L’ergonomie ne doit pas remplacer, mais doit faciliter, améliorer. Pour avancer, il faut perfectionner le vivant d’abord, et non l’inerte.

Pensez bien qu’un skieur professionnel peut tout à fait descendre une piste sur de très mauvais skis. Il sera moins bon, mais il pourra le faire. À l’inverse, quelqu’un n’ayant jamais été sur la neige n’y arrivera pas, quel que soit son matériel.

Même combat pour les interventions

Lorsque l’on veut apporter des solutions en entreprise, l’intervention d’un expert sous-entend trop souvent qu’il va « résoudre » la problématique du salarié. Mais on oublie de les impliquer dans leurs propres soins. Une intervention doit surtout tenir lieu de conseil. Encore une fois, aucun professionnel ne peut faire « à la place » de l’individu. Il doit faire « avec », et doit guider. Et pour obtenir des résultats, le service doit être suivi sur le long terme. Il est capital de les accompagner pour les aider à mettre en pratique leurs nouvelles connaissances. Recevoir un savoir et l’appliquer sont deux choses bien distinctes. Une stratégie d’intervention ponctuelle n’a aucun sens dans une approche de prévention, car elle exclut la participation du patient.

L’être humain évolue, change ses habitudes, modifie son comportement. Son encadrement doit donc évoluer lui aussi avec le temps. Les prises en charges se doivent d’être adaptatives, car le vivant ne stagne jamais longtemps.

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Sources :
La médecine 5P : https://gnius.esante.gouv.fr/fr/strategie-dacceleration-sante-numerique

1. Ashar YK et al. Effect of Pain Reprocessing Therapy vs Placebo and Usual Care for Patients With Chronic Back Pain: A Randomized Clinical Trial. JAMA Psychiatry. 2021 Sep 29:e212669.
2. Kaptchuk T J et al. Placebos in chronic pain: evidence, theory, ethics, and use in clinical practiceBMJ 2020; 370 :m1668.
3. Gatzounis R, Meulders A. Once an Avoider Always an Avoider? Return of Pain-Related Avoidance After Extinction With Response Prevention. J Pain. 2020 Nov-Dec;21(11-12):1224-1235.
4. Hua T. et al. General anesthetics activate a potent central pain-suppression circuit in the amygdala. Nat Neurosci. 2020 Jul;23(7):854-868.
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