La médecine « 5P » : le « P » de Prédictive

La médecine « 5P » : le « P » de Prédictive

La prédiction au service de la prévention

Nous avons vu précédemment en détail ce qu’impliquent des soins de « Prévention », « Personnalisés », basés sur les « Preuves » et « Participatifs ». Enfin, le dernier axe de la médecine « 5P » est la valeur « Prédictive » de celle-ci. Plus floue, cette notion est un peu comme le diagnostic de la prévention. Quand on traite (donc quand il est trop tard pour faire de la prévention), on pose un diagnostic puis on propose un traitement adapté à celui-ci. En revanche, pour faire de la prévention, il faut savoir comment réagirait un individu sans elle, et donc savoir sur quoi focaliser les interventions préventives.

Par exemple, si un fumeur présente un risque de développer un cancer du poumon, la prévention doit s’orienter vers le sevrage du tabac, tout simplement. Mais connait-on vraiment tous les facteurs de risque, dans des cas qui ne sont pas aussi simples ? Sans doute que non. À l’heure actuelle, nous ignorons un bon nombre de ceux qui influencent l’apparition des maladies. Il y a donc encore un énorme travail de recherche et de statistique à effectuer pour atteindre une médecine prédictive.   

Plus de paramètres pour plus de force prédictive

Pour pouvoir s’approcher d’une médecine prédictive, et donc pour qu’une prévention soit la plus efficace possible, la médecine doit être en mesure de déterminer un maximum de facteurs de risques pour les individus. Chaque facteur de risque a, en effet une valeur prédictive. Chacun d’entre eux « porte » une information qui conditionne la santé d’une personne. À titre d’exemple, un simple mal de dos peut être exacerbé ou amélioré par de nombreux facteurs : l’activité physique, le poids, le sommeil, le stress, le statisme, des facteurs socio-professionnels, des facteurs personnels, le contexte, etc.

Plus vous connaissez de paramètres, plus vous pouvez prédire correctement le risque qui pèse sur une personne. C’est assez instinctif et applicable au quotidien. Pour reprendre une analogie déjà utilisée : pour bien estimer le prix d’un appartement, nous avons besoin de plusieurs paramètres comme l’adresse, la surface, la présence ou non d’un jardin, d’un parking, etc. On ne peut pas « prédire » le prix en ne prenant qu’un seul de ces paramètres.

De façon analogue, la force prédictive de la médecine dépend des données qu’elle analyse, et chacune de ces données doit être pondérée et hiérarchisée. Pour un appartement, la surface a plus d’importance que la hauteur sous plafond par exemple. Pour un mal de dos, l’activité physique semble avoir plus de poids que l’alimentation. On ne peut comprendre l’importance de chaque facteur qu’avec une approche globale et individuelle. Tous les paramètres (douleur, force, ergonomie, stress, activité physique, diététique, etc.) doivent être pondérés en une seule analyse, pour bien comprendre quels éléments sont les plus imposants dans chaque cas. Lorsque les principaux facteurs sont déterminés, il suffit d’orienter en priorité la stratégie de prévention autour de ceux-là.

Quel problème rencontrons-nous aujourd’hui ?

À l’heure actuelle, on considère qu’un TMS a une cause bien particulière qu’il faut trouver. Plutôt que de s’évertuer à trouver une cause de la douleur pour tout le monde, il serait temps de comprendre qu’on ne peut pas en isoler une seule, et qu’une personne ne peut être que prédisposée à un trouble, et non pas déterminée. Les facteurs de risques sont multiples et ils dépendent de chaque individu. On ne peut jamais dire avec certitude : « Voici l’origine de votre douleur, si vous corrigez cela, elle partira ». Centrer un traitement autour d’une pathologie est l’erreur que nous faisons tous. Un meilleur paradigme serait de placer l’individu au centre de ce traitement, comme nous l’avons déjà évoqué. 

Le jour où nous saurons être correctement prédictif, nous aurons sans doute atteint la meilleure médecine.

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Sources :
https://gnius.esante.gouv.fr/fr/strategie-dacceleration-sante-numerique