La prévention, quel retour sur investissement ?

La prévention, quel retour sur investissement ?

Contexte actuel

Aujourd’hui, les chiffres portant sur les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) et les Risques Psycho-Sociaux (RPS) montrent que leur impact est tellement important dans la vie personnelle et professionnelle de chacun que le Ministère de la Santé, le milieu médical et les entreprises se doivent de s’armer pour s’en prémunir. Or, jusqu’ici, les nombreuses mesures prises n’ont eu qu’un effet limité. En effet, les indicateurs liés à la santé des travailleurs en France ne cessent de se dégrader. La constante évolution des risques inhérents à chaque profession nous informe que nous passons à côté d’un élément important dans les prises en charge.

Plutôt que traiter un problème, il est préférable de le prévenir ; mais les bonnes pratiques ne sont pas encore rentrées dans le quotidien des gens pour qu’ils puissent agir de façon proactive et se prendre en charge eux-mêmes.

Le rôle ingrat de la prévention

De plus en plus, la tendance est à la prévention. Malheureusement, elle ne trouve encore qu’un succès mitigé auprès de la population. Car tant qu’une prévention est efficace, nous n’en voyons pas vraiment les effets et nous avons l’impression que les efforts déployés sont vains et sans intérêts. Au contraire ! C’est justement l’absence de problèmes que l’on recherche.

À titre d’exemple, un des rares consensus internationaux nous conseille, pour notre bonne santé, d’être en mouvement, de bouger, de marcher, etc. Mais lorsque l’on marche, se rend-on réellement compte des bienfaits que cela apporte ? En général non, mais arrêtons de marcher totalement quelques semaines, voire quelques mois, et nous en subirions de lourdes conséquences. Voilà toute l’ingratitude des mesures préventives, à savoir que nous ne pouvons observer les résultats positifs qu’à postériori.

Quel intérêt ?

Traiter une maladie professionnelle, quelle qu’elle soit, est nettement plus délicat que d’empêcher qu’elle se manifeste. Prenons un exemple en métallurgie, le cancer du poumon peut être dû à l’inhalation de poussière. Il est facile à comprendre qu’il est plus efficace de se protéger avec un masque à chaque exposition plutôt que de traiter le cancer alors qu’il est déjà déclaré. Outre le fait que cela soit encore incurable, l’inconvénient de porter un masque en permanence est minime et largement contrebalancé par rapport aux dégâts que peuvent causer ce type de maladies. Et si nous l’envisageons aisément dans les cas les plus graves comme celui-ci, nous n’avons pas encore réussi à intégrer cette idée concernant les TMS et les RPS. Dans ces cas-là, le pronostic est évidemment préférable que précédemment mais se conclut néanmoins par des années de vie avec un handicap et/ou des douleurs.

Nous arrivons désormais à bien comprendre les implications quotidiennes sur la vie des gens : des douleurs chroniques peuvent avoir une grande influence sur la productivité, le sommeil, le stress, l’humeur ou la qualité de vie en général. C’est pourquoi, en ce qui concerne des risques connus, une prévention active doit être mise en place auprès des employés.

Les coûts de la prévention

La prévention présente également des avantages en considérant l’aspect pécuniaire. Pour reprendre notre idée du début, il est clair qu’investir dans des masques parait dérisoire par rapport au coût d’un traitement anti-cancéreux. Eh bien, cette logique peut tout aussi bien s’appliquer aux TMS et RPS. S’entretenir le dos par exemple consiste à effectuer quelques étirements, mouvements et exercices de renforcement de façon régulière, ce qui coûte un peu de temps tout au plus. En revanche, traiter une pathologie de la colonne vertébrale lorsqu’elle est très douloureuse est nettement plus exigeante en temps, en investissement et en motivation. Que ce soit pour réaliser des examens, consulter des professionnels de santé, absorber l’impact psychologique que des douleurs représentent ou faire des exercices, les impératifs sont plus accaparants. De même, la santé d’une entreprise qui se détériore a un impact sur l’absentéisme et sur la productivité des travailleurs, sans parler des arrêts de travail qui en découlent.

Au final, la prévention n’est qu’un investissement ponctuel, pour un retour sur investissement majoré. Le coût annuel pour la santé est un gouffre phénoménal tant pour la société que pour les entreprises. Comprenons qu’un virement dans notre approche des soins est nécessaire pour améliorer la situation. Il est globalement estimé que le retour sur investissement est multiplié par 3 dans les pays développé, au bout de 20 ans.

En somme : investir peu maintenant plutôt que le payer cher (selon tous les sens du terme) plus tard.

Sources :
McKinsey Global Institute, How keeping health a priority is a prescription for European prosperity. 2021 May 9
McKinsey Global Institute, Prioritizing health: A prescription for prosperity. 2020 Jul 8